Offrande musicale, Rompon
Communiqué 2016-06
La Chapelle de Rompon accueille les premiers estivants dans la fraîcheur relative de ses voûtes qu’affectionnaient les fondatrices de l’association Raphaëlle Lépine et Jeanne Bovet. Le prochain concert de « l'Offrande musicale » est fixé aux 10 et 11 juillet prochains, le samedi à 20h30 et le dimanche à 17h00. La génération montante des amis musiciens de Rompon sera présente dans toute sa maîtrise avec Nathalia Milstein, pianiste en solo.
La Fantaisie en ut majeur opus 17 de Robert Schumann [1836] appartient à la période extrêmement tourmentée de la vie amoureuse et créatrice du compositeur. Clara est la fille du professeur FriedrichWieck à qui le jeune Robert à Leipzig doit le sérieux de ses études pianistiques. Héritier de Beethoven, Schumann se lance à l'assaut de la grande forme dont la Fantaisie est le point culminant avant le mariage avec Clara, auquel Wieck père s'est longtemps opposé. Œuvre immense, d'un seul tenant, cette œuvre représente un point d'équilibre extraordinaire dans la production artistique de Schumann, à mi-chemin entre ordre et chaos, espoir et désespoir, raison et folie naissante. En 1836, Robert a cru devoir renoncer à Clara, et ce qu'il compose alors est « sans aucun doute ce que j'ai écrit de plus passionné, une plainte déchirante vers toi », lui confie-t-il deux ans plus tard dans une lettre à sa fiancée. Entre temps, il dédie l’œuvre à Franz Liszt, le seul qui ait été en mesure de comprendre la génialité de l’œuvre. Il y est question de Florestan et d'Eusebius, de rêve et d'action vivace et consciente. Il faut se laisser porter par l'élan tantôt brisé de douleur tantôt repris dans un sursaut de vie et de révolte. On est en plein romantisme créateur.
La deuxième pièce du programme présente Maurice Ravel et son fameux Tombeau de Couperin composé en 1917. C'est la dernière œuvre pour piano seul de l’artiste. Elle est dédiée aux amis, tombés au front. Ravel dessinera même l'urne cinéraire qui illustre la page de titre de la partition parue en 1918 chez Durand. Hommage à François Couperin et à toute la musique française du 18è, aux amis disparus et à une époque d'avant-guerre désormais révolue. Cette suite pour piano seul du plus pur classique, issu d'un esprit de clarté, d'équilibre et de rigueur formelle. C'est Marguerite Long qui créa l’œuvre à Paris, pianiste remarquable dont le parcours a croisé celui de Jeanne Bovet. C'est peut-être un clin d’œil à notre grande Amie qui repose de l'autre côté du mur de l'abside de Rompon. Repassez-vous le DVD de Jeanne à cette occasion ; vous vous imprégnerez alors de cet esprit particulier du Paris meurtri par la grande guerre et qui s'est relevé à la faveur de grands artistes qui l'ont fréquenté comme Marguerite Long.
[commentaire librement inspiré de Tranchefort, Guide de la musique de piano, Fayard 1987]
Auditeurs occasionnels ou fidèles des concerts à la Chapelle : montez la colline et, dans le respect du silence et la concentration que de tels monuments musicaux demandent, venez rejoindre l’équipe des amis de Rompon. Si vous le pouvez, choisissez plutôt samedi, où la fréquentation est moindre et assure mieux le choix des places que le dimanche. Vous y partagerez après le concert la cordialité de l'accueil lors de la réception au jardin et passerez quelques instants de partage en compagnie de l'artiste et des membres de l'Association. Bienvenue à tous, aînés et plus jeunes, tout jeunes même comme certains en ont montré occasionnellement l'exemplaire réceptivité
Offrande musicale Rompon
►►► Programme (format pdf)