Offrande musicale, Rompon,
Communiqué 2015-03

Ce sont deux familiers des concerts de la Chapelle qui ouvrent le chemin de l'ascension de la colline ce jeudi 14 mai prochain à 17h00. Entre piano et chant, entre les touches du piano de Daniel Spiegelberg et les cordes vocales de la mezzo-soprano Brigitte Balleys, se trame un magnifique programme d'ouverture de la 50è saison des concerts à la chapelle du vieux Rompon.

Un choix éclectique entre culture germanique et latine, des paroles en allemand et en espagnol, avant de facétieuses chansons françaises.

Père fondateur du Lied, avec des paroles empruntées à Goethe et d'autres auteurs romantiques dont il était un lecteur passionné, Franz Schubert s'inspire d' une solitude poignante qui cisèle son paysage intime. Il faudrait ne entière conférence pour commenter l'immense trésor de ces mélodies : Ganymède, (voir le Guide de la mélodie et du Lied chez Fayard), se voit enlevé par l'aigle de Jupiter : on s'élève de variations en variation, d'accelerando en crescendo, on monte avec entre les larmes et les arcs en ciels dans les yeux car Schubert vit ses passions affectives entre les pôles de ceux qui vivent les nerfs au bord des cils.

Clara Schumann née Wieck , épouse héroïque du Robert malade et suicidaire, compose et joue du piano pour lui, depuis qu'il s'est estropié les mains dans une intervention violente. Elle ne cesse de l'aimer ; cependant l'opus 42, le célèbre Frauenliebe und -leben, de Robert est composé en deux jours (!) en 1840 sur des poèmes de Chamisso, avant leur mariage. Un côté « fleur bleue », qui semble correspondre à l'image que Robert Schumann se fait de sa jeune promise dont il est séparé par la volonté du père de Clara. C'est toute la vie de son amoureuse que Robert cristallise ici, depuis le jour où il se sont vus, -elle avait neuf ans- jusqu'à la mort de Robert qu'il semble pressentir bien avant sa tentative de suicide et ses derniers mois en asile.

Avec Enrique Granados, on saute une génération, de l'Allemagne à la Catalogne. Entre les références à la musique arabisante et toujours passionnée de l'Espagne. Des trois mélodies de la Maja dolorosa, la première est typique de ce drame intérieur propre aux hispaniques : « avec un piano chargé de septièmes et d'accents portant une déclamation passionnée ; la seconde exprime par un chromatisme ambiant, la douleur qui sera absorbée dans la troisième par une suite omniprésente d’arabesques et de notes piquées comme pour évoquer le temps passé » (op.cit).

Dernier triptyque, avec Emmanuel Chabrier qui reprend deux poèmes de Rosemonde Gérard : « la tension lancinante des harmonies altérées entretient un climat fiévreux et les courbes sensuelles de la voix s'insinuent parmi le grésillement persistant des arpèges... » pour illustrer les Cigales, ou la merveille, faussement naïve de la Villanelle des petits canards, où l'ironie subtile nous fait plonger dans la fantaisie de ces « romances zoologiques ». Par ailleurs, « Ravel éprouvait une admiration spéciale pour la Chanson pour Jeanne, cette évocation si pudique de la beauté, de l'amour et de la mort où la voix et le piano, complices, rivalisent de tendresse ». (op.cit)

Nul doute que cette heure de musique va en séduire plus d'un, au terme de l'Assemblée Générale de l’Association de l'Offrande musicale.

Concert à 17h à la chapelle du Vieux Rompon

Association de l'Offrande musicale

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"Laisse le silence te pénétrer. Ne parle pas. Ecoute le silence. Il contient l’Infini.
Quel que soit le nom que tu puisses donner à cet Infini,
de Lui découle la source d’eau vive qui irrigue
toutes les parcelles de ton âme.
Ne parle pas… Ecoute le silence…"